Joséphin PÉLADAN - Lettre autographe signée à propos d'Henriette MAILLAT

Joséphin PÉLADAN - Lettre autographe signée, sans date (entre 1882 et 1890), adressée à une dame. 2 pages à l'encre noire sur un double feuillet.

"Madame,

Je viens vous importuner. Je l'ose parce que ce n'est pas de moi qu'il s'agit.
Vous savez quelle est la situation matérielle de Madame Maillat.
Je ne puis lui venir en aide qu'insuffisamment le viatique paternel étant très mince.
Je la vois souvent se priver de quinquina nécessaire à sa santé et l'avenir qui la menace : c'est la faim.
Voir souffrir ce qu'on aime. Voilà ma démarche excusée n'est-ce pas ?
Si cela vous est possible et facile ; faites moi caser de la prose tant soit peu payée, n'importe où et n'importe sur quoi [sic]. Je cherche à neuf francs par mois c'est vous dire que je veux à tout prix pourvoir au moins aux besoins d'Henriette.
Vous lui avez dit que vous aviez présentement plus de travail que vous n'en pouvez faire. Si vous m'en jugez capable, confiez-moi ce qui vous est surcroît, quelque mince que soit la rétribution pourvue qu'elle existe.
Vous avez trop d'esprit, Madame, pour n'avoir pas beaucoup de coeur et j'espère que vous daignerez m'exaucer vous souvenant que c'est votre amie Henriette que vous obligez et non moi qui n'ai aucun titre à vous intéresser.
Je ne vous parle pas de reconnaissance, cela ne se phrase pas [sic], cela se prouve dès qu'on peut.
J'espère que vous daignerez me répondre et je suis avec un profond respect votre obligé et votre serviteur.
Joséphin Peladan
29 - Rue Vauquelin - 29"

Henriette MAILLAT rencontre Josephin PÉLADAN en 1882. L'écrivain, arrivé depuis peu à Paris et âgé de 24 ans, travaille alors à l'écriture de son premier roman, Le Vice suprême. Henriette, plus âgée que lui de 11 ans, joue rapidement le rôle d'amante protectrice. Elle l'héberge chez elle, 2 rue des Beaux-Arts, près du Faubourg Saint-Germain, dans le petit appartement qu'elle occupe avec sa fille et sa bonne. Leur liaison dure, avec plus de bas que de hauts, près de 4 ans. En effet PÉLADAN se désintéresse rapidement de son amante au profit de son oeuvre, tandis qu'Henriette prise tantôt de crises d'hystérie, tantôt de crises de désespoir, se jette dans les bras de ses confrères. Henriette MAILLAT, dont on perd la trace après 1890, termine sa vie abandonnée de tous et réduite à la mendicité.

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Intéressante lettre dans laquelle PÉLADAN évoque la situation financière et la santé de son amante et protectrice Henriette MAILLAT.


NOTE BIOGRAPHIQUE

Joséphin PÉLADAN

Le Sar Mérodack Joséphin Peladan, pseudonyme de Joseph-Aimé Peladan (ou Péladan), né à Lyon le 29 mars 1858, et mort à Neuilly-sur-Seine le 27 juin 1918, est un écrivain, critique d'art et occultiste français.